Geneviève Robida, première femme inspectrice d’académie : un combat toujours d’actualité

Au premier rang, Geneviève Robida, inspectrice d’académie honoraire (1965-1974)
De gauche à droite : Boris Ravignon, maire de Charleville-Mézières, président de la communauté d’agglomération Ardenne Métropole, Didier Déleris, inspecteur d’académie, DASEN des Ardennes, Claudine Roger, inspectrice d’académie honoraire (IA des Ardennes de 1983 à 1989), Hélène Insel, rectrice de l’académie de Reims, Annie Capron, IEN A des Ardennes honoraire (jusqu’en 2007), Claude Perignon, IEN adjoint honoraire (jusque décembre 2011), président de l’AMOPA des Ardennes

 

Samedi 9 juin 2018, l’association des membres de l’ordre des Palmes académiques des Ardennes a organisé en présence d’Hélène Insel, rectrice de l’académie de Reims, un moment convivial pour fêter les cent ans d’une de ses membres, Mme Geneviève Robida. « Vous appelle-t-on Mme le recteur ou Mme la rectrice ? » Il a suffi à celle qui fut la première femme nommée « inspecteur d’académie » (bien qu’elle militât pour être appelée « inspectrice ») d’adresser cette simple question à la rectrice pour immédiatement donner à entendre et sentir la similarité des expériences et l’évolution du regard sur les femmes dirigeantes dans les cinquante dernières années.

L’étonnement est en effet de mise quand, en 1966, Geneviève Robida est nommée inspectrice d’académie des Ardennes. La presse s’intéresse rapidement à cette femme de 48 ans qui, par un concours de circonstances, vient d’entrer dans un cercle jusque-là réservé aux hommes. La directrice du lycée de jeunes filles de Charleville est à cette époque la seule parmi les personnels de direction des Ardennes à être également titulaire de l’agrégation (d’anglais en l’occurrence), et c’est donc à elle que le recteur d’académie propose d’assurer l’intérim à la tête de l’inspection d’académie des Ardennes.

L’arrêté de nomination tarde, tant il est difficile pour le ministère de nommer une femme. Pourtant, l’intérim se transformera en nomination définitive, et Geneviève Robida restera en poste dans les Ardennes pendant huit ans, avant de rejoindre l’Aisne en 1974 et de prendre sa retraite en 1978. L’académie de Reims aura entre-temps connu une autre évolution de taille, qui attirera à nouveau tous les regards : la nomination en 1973 de la première femme rectrice, Alice Saunier-Seïté. Si l’innovation d’hier semble aujourd’hui largement entrée dans les mœurs, à l’heure où les trois académies du Grand Est sont dirigées par des femmes, la difficulté pour certains à dire ou écrire à « Mme la rectrice », rend le combat de Geneviève Robida toujours d’actualité.