Il y a quelques semaines, l’Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche (IGAENR) lançait un appel à candidature pour un poste de « chef de groupe». Cette fonction suscite habituellement peu de candidatures, conduisant sans doute parfois le chef de service de l’IGAENR à solliciter la personne qu’il souhaite associer au comité de direction. En tous cas, très rares sont les candidatures de femmes.
Cette fois-ci, à la surprise de tous, de nombreuses femmes inspectrices générales de première classe (donc a priori déjà reconnues comme compétentes) se portent candidates… C’est pourtant la candidature d’un homme qui est retenue : compétent, s’intégrant « harmonieusement » à l’équipe de direction, ayant déjà pris des responsabilités de coordonnateur, il faisait déjà presque partie de l’équipe de direction… une candidature presque « naturelle », donc!
Dans ce contexte, où l’on ne peut pourtant déplorer ni le manque de candidatures féminines de qualité, ni l’absence de vivier, les candidates, inspectrices sénior, échangent entre elles et avec d’autres inspectrices plus jeunes et manifestent leur « étonnement ». Les deux inspectrices générales qui sont aussi membres de l’AFDESRI, écrivent même au chef de service pour souligner qu’avec 2 femmes sur 9 dans l’équipe de direction de l’IGAENR, cette dernière est loin de satisfaire aux exigences du label « égalité professionnelle entre femmes et hommes » auquel candidatent les ministères de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation.
Certes, la parité à l’IGAENR se mesure globalement et pas seulement au nombre de femmes dans l’équipe de direction : la place des inspectrices générales, qui partait de très bas, a d’ailleurs progressé ces toutes dernières années, dans les promotions ou par le jeu des mobilités vers des fonctions comme celle de présidente du CNOUS[i]ou celles de rectrice[ii].
Mais il reste encore du chemin à parcourir pour que l’IGAENR soit un modèle dans la mise en œuvre d’une politique publique qu’elle est censée promouvoir dans les établissements d’enseignement supérieur et les organismes de recherche, comme toutes les politiques publiques promues par le MESRI. L’AFDESRI se réjouit donc que suite , le chef de service de l’IGAENR se soit engagé à faire encore progresser l’équilibre femmes- hommes au sein de l‘IGAENR et de son équipe de direction.
Nous pouvons tirer deux enseignement de cette histoire :
- premièrement, quand les femmes sont candidates et se mettent en avant dans les prises de responsabilités, les nominations « naturelles », celle des hommes qui cochent déjà toutes les cases, apparaissent moins « naturelles » ;
- deuxièmement, ensemble et avec l’appui de l’AFDESRI, les femmes peuvent faire bouger les pratiques, même dans les institutions les plus honorables, pour y faire progresser la parité.
Mesdames ! Soyez candidates ! Unissez-vous pour faire progresser la place de toutes ! Et comptez sur l’AFDESRI pour soutenir l’accès des femmes aux responsabilités.
[i]Dominique Marchand vient d’être nommée présidente directrice générale du CNOUS.
[ii]Quatre inspectrices générales de l’IGAENR sont actuellement rectrices : Béatrice Gille, Anne Bisagni, Béatrice Cormier, Christine Gavini-Chevet.