Le rapport conjoint de l’Inspection générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche (IGÉSR) et de l’Inspection générale des Finances (IGF), publié en février 2025, pose un constat clair : la sous-représentation des filles dans les filières scientifiques reste un frein majeur à l’égalité réelle, à l’innovation et à la performance économique.
Alors que les femmes représentent plus de la moitié des étudiants dans l’enseignement supérieur, elles sont encore très minoritaires dans les filières STEM (sciences, technologie, ingénierie, mathématiques), avec seulement 25 % des effectifs. Le rapport propose une feuille de route ambitieuse et opérationnelle pour inverser cette tendance d’ici 2030.
Une ambition nationale chiffrée
La stratégie proposée s’appuie sur des objectifs quantifiés et déclinables localement :
- Doubler le nombre d’étudiantes dans les filières STEM d’ici 2030 (passer de 25 000 à 50 000 par an) ;
- Définir des objectifs spécifiques pour chaque académie, établissement, filière ou concours ;
- Instaurer une gouvernance renforcée avec un comité de pilotage national et des relais régionaux.
Refonder la pédagogie dès le plus jeune âge
La réforme vise également à faire évoluer les pratiques pédagogiques, dès l’école primaire :
- Intégration obligatoire de la pédagogie égalitaire dans la formation initiale des enseignants en mathématiques, sciences et technologies ;
- Organisation de séances collectives de réflexion pédagogique dans les établissements scolaires ;
- Création de clubs scientifiques et de concours mixtes dès l’école primaire et dans le périscolaire.
Rendre visibles les femmes scientifiques
Un axe fort du rapport repose sur la promotion de rôles modèles féminins dans l’espace scolaire :
- Organisation d’interventions annuelles de femmes scientifiques dans tous les lycées ;
- Mobilisation de réseaux professionnels pour créer des binômes d’inspiration entre lycéennes et professionnelles ;
- Renforcement de la communication vers les familles et les élèves dès la rentrée.
Agir sur l’accès aux concours et aux carrières
Le rapport préconise une évolution volontariste des modalités de recrutement :
- Fixer des objectifs de 30 % de femmes en CPGE scientifiques d’ici 2030, 40 % en 2035 ;
- Introduire des quotas, des bonifications ou des places réservées dans certains concours d’accès aux grandes écoles ;
- Repenser les recrutements universitaires : listes paritaires, suivi des primo-nominations, accompagnement de carrière.
Garantir un environnement d’étude sans sexisme
Le rapport insiste sur la nécessité de renforcer les politiques de prévention et de lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VSS) dans les filières scientifiques :
- Application systématique d’une politique stricte contre les propos sexistes dans les classes, y compris en CPGE et BTS ;
- Intégration des formations sur les VSS dans tous les cursus de l’enseignement supérieur.
Doter les acteurs de moyens de pilotage
Pour permettre un suivi efficace des actions engagées, le rapport propose la mise à disposition d’une boîte à outils numérique évolutive :
- Mise en ligne de données sexuées d’orientation, exploitables au niveau local ;
- Publication de fiches pratiques, d’exemples d’interventions réussies, de modèles d’actions reproductibles ;
- Accès facilité aux données DEPP pour les établissements.
Une transformation attendue, désormais outillée
Ce rapport marque un tournant stratégique. Il ne se limite pas à des constats : il propose des leviers concrets, immédiatement activables, pour transformer en profondeur les pratiques éducatives, les représentations et les parcours.
Il s’adresse à l’ensemble des acteurs de l’éducation, de la formation, de la recherche et de l’innovation, publics comme privés. Car ouvrir les portes des sciences aux filles, c’est construire une société plus juste, plus performante, plus représentative.
📢 Ce qu’il faut retenir
Le rapport propose 20 mesures fortes, applicables dès maintenant, pour transformer durablement le système éducatif français et réduire les inégalités de genre dans les filières scientifiques.
Il ne s’agit plus seulement de “sensibiliser” :
il s’agit d’agir, de former, d’ouvrir les portes, et de garantir un accès équitable aux opportunités.